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Nos envies de lecture : « Hotel Roma », « La désinvolture est une bien belle chose », « La nuit s’ajoute à la nuit »…

LA LISTE DE LA MATINALE
Romans, récit, essai : « Le Monde des livres » poursuit son exploration d’une rentrée littéraire marquée par la diversité. Pierre Adrian se plonge dans la vie de l’écrivain italien Cesare Pavese dans Hotel Roma, tandis que Philippe Jaenada tente de comprendre la mort d’une jeune femme, Jacqueline Harispe, dans La désinvolture est une bien belle chose. La nuit s’ajoute à la nuit, d’Ananda Devi, relate la nuit que l’autrice a passée au Mémorial de la prison de Montluc, à Lyon, tandis que Susie Boyt livre, dans Amours manquées, le regard d’une mère sur la toxicomanie de sa fille. Enfin, avec Attachements, l’anthropologue Charles Stépanoff réévalue les liens de l’homme aux autres êtres vivants.
ROMAN. « Hotel Roma », de Pierre Adrian
Pierre Adrian s’était fait connaître à 25 ans pour un premier livre plein de ferveur, La Piste Pasolini (Equateurs, 2015), où il suivait la trace de l’écrivain et cinéaste italien dans une sorte d’enquête initiatique, à la fois intime et exaltée. Quelques années (et quelques livres) plus tard, le voici qui emprunte cette fois, avec Hotel Roma, la piste de Cesare Pavese (1908-1950).
Sans doute moins célèbre en France, ce double saturnien du flamboyant Pier Paolo Pasolini (1922-1975) y est connu surtout pour son extraordinaire ­journal posthume, Le Métier de vivre (Gallimard, 1958), et pour son suicide, à Turin, le 27 août 1950, à l’âge de 41 ans. Pierre Adrian choisit alors de partir de cette fin, et plus particuliè­rement de la chambre 49 de l’Hotel Roma, où l’écrivain se donna la mort, pour entreprendre un récit un peu ­vagabond dans lequel il s’attache à faire découvrir par fragments un poète assez singulier dans son temps, sédentaire attaché aux collines piémontaises de ses origines, travaillé par la culpabilité de ne pas s’être engagé pendant la guerre, malheureux toute sa vie en amour…
Traquant ce fantôme triste dans ses livres autant que dans les paysages du nord de l’Italie, l’enquêteur voyage néanmoins du côté de la vie, amoureux d’une « fille à la peau mate » qui l’accompagne dans son désir de ­retrouver des témoins encore vivants, de goûter aux lieux d’enfance qui ne soient pas perdus… Il en ressort un texte à la fois simple et savant, mélancolique et lumineux : le bel hommage d’un écrivain-lecteur. Fa. Ga
ROMAN. « La désinvolture est une bien belle chose », de Philippe Jaenada
Au cœur du nouveau roman de Philippe Jaenada, il y a un bar du Quartier latin version années 1950, Chez Moineau, où Ed van der Elsken (1925-1990) prit des photographies réunissant de très jeunes gens qui y passaient leurs journées à traîner, boire, rêver, s’aimer – les « Moineaux ». Touché par ces enfants de la guerre – les parents de certains avaient collaboré, d’autres avaient été tués à Auschwitz –, il tâche de retracer le destin des membres de la bande et essaie de comprendre la mort de Jacqueline Harispe, dite « Kaky », qui a sauté par la fenêtre d’un hôtel, en novembre 1953, à 20 ans. Elle avait inspiré à Patrick Modiano Dans le café de la jeunesse perdue (Gallimard, 2007) et apparaissait brièvement dans Au printemps des monstres (Mialet-Barrault, 2021).
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